Une étude expérimentale sur le marché du travail
réalisée par : Claire Adida, Stanford University
David Laitin, Stanford University
Marie-Anne Valfort, Paris I Panthéon Sorbonne
Ce texte a été publié dans le cadre du programme de professeur invité 2009-2010 organisé en
partenariat par Sciences Po et la French-American Foundation sur le thème « Egalité des
chances ». Ce programme a pour but de faire connaître en France un domaine de recherche
aujourd’hui plus développé aux États-Unis afin d’alimenter le débat public sur les
discriminations et les politiques antidiscriminatoires.
Résumé :
Le « Grand débat sur l’identité nationale » coïncide avec une crispation des Français à
l’égard de l’islam. Mais cette crispation a-t-elle pour objet l’ensemble des Français
musulmans ou bien seulement les Français d’origine maghrébine ? Pour formuler des
solutions adaptées, il est essentiel de répondre à cette question. Cependant, les études réalisées
à ce jour ne le permettent pas. Elles consistent en effet à mesurer la discrimination à l’égard
des Français d’origine maghrébine par rapport aux « Français de souche ». Mais que doit-on
conclure lorsque ces études détectent une discrimination à l’égard des Français d’origine
maghrébine ? Qu’ils sont discriminés à raison de leur affiliation supposée à la religion
musulmane, ou parce qu’ils sont originaires du Maghreb ? L’objectif de cette étude est de
lever l’ambiguïté. Nous comparons pour cela l’intégration économique de Français
musulmans et chrétiens originaires du même pays : le Sénégal. Nos résultats mettent au jour
une discrimination considérable à l’égard des musulmans. Un testing sur CV révèle en effet
que ces derniers ont 2,5 fois moins de chance d’obtenir un entretien d’embauche que leurs
homologues chrétiens. Une enquête montre par ailleurs que les musulmans ont un revenu
mensuel inférieur de 400 euros en moyenne à celui des chrétiens. Il se peut que cette
différence de revenu s’explique en partie par la discrimination à l’embauche dont souffrent les
musulmans.
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